Archives mensuelles : janvier 2012

Implantation de nouvelles technologies: Hydro-Québec fait face à ses parties prenantes

Un aspect du développement durable qui fait maintenant partie du paysage est la gestion des parties prenantes (PP). Qu’est-ce qu’une partie prenante? Simplifié, c’est un individu (groupe, organisme, etc.) qui est concerné par votre entreprise, ou qui est perturbé par les activités de cette dernière. Plusieurs typologies ont été développées afin d’identifier et « classer » des parties prenantes. Une d’entre elles, simple et efficace, se nomme le modèle de Mitchell. On a qu’à répondre à 3 questions : l’acteur a-t-il du Pouvoir? De la Légitimité? Est-il dans l’Urgence? Avec un seul OUI, on fait face à une partie prenante.

La notion de parties prenantes implique la reddition de compte par l’entreprise. Et les technologies de l’information se sont développées d’une façon telle que nul ne peut dorénavant ignorer la puissance des médias sociaux par exemple. Les individus, les groupes de pression, les médias, tout ce beau monde ont maintenant accès à des plateformes de blogues, des pages Facebook, des fils Twitter, etc., rendant chaque geste d’une entreprise vulnérable à la réplique immédiate. D’où l’importance de ne pas ignorer ses PP et de participer au dialogue.

Un des meilleurs exemples de mauvaise gestion des PP (et qui sera très certainement élevé au rang de « cas » dans les grandes écoles d’administration) est celui des gaz de schiste. Malheureusement pour moi, rien à voir avec les TIC. Donc merci à Hydro-Québec qui cette semaine m’aura livré un sujet lié aux PP. Je parle ici d’une nouvelle technologie testée lors d’un projet pilote, et qui ne fait pas l’unanimité : une nouvelle génération de compteur (je dois admettre que la portée du dossier Hydro-Québec n’est pas la même que celle des gaz de schiste…). Quel est le lien avec les TIC? La transmission et la gestion de données. Quoi qu’au départ, le sujet de la sécurité des données ait fait jaser, c’est maintenant la transmission de ces mêmes données et sa participation à la pollution électromagnétique (aussi nommé l’électropollution) qui amène à réflexions. Sur son site web, Hydro-Québec informe sa clientèle sur ce sujet, mais malgré tous ses efforts, des parties prenantes se mobilisent. Où est la faille?

La motivation des nouveaux compteurs provient d’un besoin : une forte proportion des compteurs ont ou vont atteindre la fin de leur vie utile. Quelques atouts pour les clients sont discernables (voir la section Quels sont les avantages pour moi ?). Comme consommateur, on comprend qu’il faut renouveler le parc de compteurs « à un moment donné », mais que si ces derniers amènent des questionnements sur la technologie sélectionnée, et que les avantages visibles pour le consommateur ne sont pas des plus attrayants, là, il faut « gérer ». Hydro-Québec a-t-elle vraiment consulté ses parties prenantes sur ce dossier? A-t-elle vraiment ouvert un dialogue? Selon la typologie de Mitchell, les groupes de pression impliqués, tels que l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), ont certainement un sentiment d’Urgence et de Légitimité. Et ils utilisent un certain pouvoir à mobiliser les médias envers leur cause. C’est la totale.

Hydro-Québec a fait une communication plutôt classique : information sur son site web et via sa brochure HydroContact [2012-10-07 – cette brochure ne semble plus être publiée depuis le printemps 2012], etc. Par contre, on ne sent pas qu’elle a bien géré les revendications des parties prenantes (citoyens et employés syndiqués) qui sont en désaccord avec le déploiement massif de ces nouveaux compteurs. Ici, je ne jugerai pas de la validité des arguments des uns et des autres puisque ce billet se veut une interrogation sur le dialogue avec les parties prenantes et la gestion du changement, peu importe les conditions. Son rapport de Développement Durable 2011 n’étant pas encore disponible, attendons alors sa sortie afin de valider comment Hydro-Québec s’évaluera sur les indicateurs liés à sa relation avec ses parties prenantes. Pour ce qui est du rapport 2010, il ne comportait qu’un petit paragraphe au sujet des compteurs à la page 35 (puisque l’installation dans le cadre du projet pilote s’est déroulée en 2011), et rien à propos des parties prenantes dans ce dossier. Petit rappel : un rapport de Développement Durable suivant le cadre du GRI doit aborder le sujet  des parties prenantes.

En conférence de presse plus tôt cette semaine, la présidente d’Hydro-Québec Distribution, Isabelle Courville, semblait consciente qu’un changement technologique amène des préoccupations de la population, mais elle a, à mon sens, fait une erreur de type « pelleter le problème par en avant » lorsqu’elle a repoussé le dialogue à plus tard : « Et à ce moment-là [lors de la présentation à la Régie de l’Énergie], je suis sûre qu’on trouvera des solutions pour des cas qui resteront extrêmement marginaux, j’en suis certaine. ». Pourquoi ne pas gérer la situation dès maintenant, alors que le projet en est à l’étape du projet pilote? Hier, j’apprenais un petit détail lors d’une entrevue à Radio Canada avec Mme Courville (à 7:28 de l’entrevue) qui m’a éclairée sur l’impasse : la technologie sélectionnée demande à ce que les compteurs soient en série, en chaine si l’on veut. Et si j’ai bien compris, cela rend impossible à un résident de refuser l’installation, au prix de « casser » la chaine. Appelons ça le phénomène des lumières de Noël. Juste ce petit détail et je comprends mieux la problématique : Hydro-Québec ne veut/ne peut pas changer sa technologie sélectionnée. Et c’est là l’enjeu : le dialogue doit s’ouvrir dès maintenant, sans plus tarder, afin que toutes les parties (entreprise incluse) en arrivent à une entente, et que le passage à venir devant la Régie de l’énergie devienne qu’une formalité. Je vais garder un œil intéressé sur ce dossier, c’est certain!

PS : Je vous laisse quelques liens concernant les arguments des uns et des autres.

CQLPE – Communiqué de presse

La Presse – Compteurs intelligents d’Hydro-Québec: aucun risque pour la santé

Protègez-vous – Nouveau compteur d’Hydro-Québec: trop cher?

MAJ Février 2013 :

Les liens de ce billet vers le site d’Hydro-Québec semblent changer à tous les quelques mois, donc désolé s’ils sont obsolètes au moment de votre lecture, je tente de « suivre les changements » lorsque cela est possible.

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TIC en papier pour le Nouvel An chinois

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Crédit: Jess Silverstone. Ici pour le mode d’emploi

Il semble que les TIC en papier ont la cote pour le Nouvel An chinois! Les offrandes pour l’Hommage aux ancêtres ont pris le tournant du 21e siècle, et se traduisent maintenant par des produits tels que des iPads ou des téléphones mobiles, en version carton/papier.

Encore ici, il faudrait faire une analyse de cycle de vie pour évaluer les impacts entre les gadgets réels et leur version carton. Bon, d’accord, je ne dis pas cela sérieusement…

Bonne année!

Lorsqu’Etsy.com démocratise la plateforme de commerce électronique

Juste avant Noël, j’ai eu une fougue créative de bricolage. N’ayez crainte, c’est déjà du passé. Mais dans mon élan est né un étui pour mon iPad, qui a été remarqué encore samedi dernier par un étranger : « c’est toi qui l’a fait? C’est vraiment beau! » Je pense que vous voyez déjà le ton de ce billet, ce sera plus léger, quoi que…

Vous connaissez Etsy.com? Si vous avez du temps, jetez-y un coup d’œil, ça pourrait vous intéresser. C’est un site qui permet à des individus de vous offrir des objets faits main, ou des objets « vintage ». L’énoncé de mission va comme suit :

Our mission is to empower people to change the way the global economy works. We see a world in which very-very small businesses have much-much more sway in shaping the economy, local living economies are thriving everywhere, and people value authorship and provenance as much as price and convenience. We are bringing heart to commerce and making the world more fair, more sustainable, and more fun.

Comme mission de développement durable, c’est formidable. Mais n’y a-t-il pas quelques squelettes dans le placard? Il semble que oui. Par exemple, pour les gens qui vendent leurs produits faits main sur ce site, sont-ils rémunérés correctement selon la formule

Matériel + temps (au salaire minimum) + profit (optionnel) = prix de vente

Malheureusement, le prix de vente affiché est souvent sous cette équation. D’autres exemples se trouvent ici. Mais il y a réellement des avantages : pour ceux qui ont un passe-temps et veulent partager ce talent, la plateforme qu’offre Etsy.com est certainement unique, et très facile d’accès. Les frais d’affichage d’un produit (20 sous) et le pourcentage retenu lors d’une vente (3.5%) sont très bas et ne sont donc pas une barrière à l’entrée, permettant à Etsy.com de démocratiser sa plateforme de commerce électronique pour une clientèle qui autrement, n’y aurait pas accès.

Sous un autre angle, Etsy.com offre une catégorie « Geekery » qui vous offre soit des accessoires faits main pour vos gadgets, soit des gadgets faits d’objets recyclés provenant des TIC. Je vous laisse sur quelques liens (qui pourraient disparaître, je vous offre donc aussi un collage de ces produits), amusez-vous!

1. www.etsy.com/listing/78401074/tecochic-napkin-rings-made-from-recycled

2. www.etsy.com/listing/89149283/usb-typewriter-computer-keyboard-royal

3. www.etsy.com/listing/73528201/recycle-usb-circuit-board-keychain

4. www.etsy.com/listing/50034706/computer-key-pushpins

5. www.etsy.com/listing/87036224/carry-your-kindle-hidden-inside-a-real

Les manufacturiers des technologies de l’information obtiennent un D+ pour leur politique de développement durable.

Lorsqu’on parle de chaine d’approvisionnement durable, on inclut aussi l’approvisionnement responsable. Les années 90, pour l’industrie du vêtement par exemple, ont été sous la loupe pour ce qui est des conditions de travail (« sweatshop », utilisation d’enfants dans les usines, etc.), où le porte-parole de la marque encaisse tous les coups. Kathie Lee Gifford et Michael Jordan sont devenus en quelque sorte l’emblème de la responsabilité quant à ce phénomène.

Mais voilà que le monde des TIC surpasse maintenant l’industrie du vêtement, selon une étude récente d’Oekom Research AG. Les manufacturiers de téléphones mobiles et d’ordinateurs seraient d’ailleurs parmi les pires du secteur (ici pour plus de détails). Le Technology Review du MIT nous fait d’ailleurs réfléchir sur le fait que l’industrie des TIC ne reconnait pas le concept du commerce équitable, et que les pratiques actuelles de production de type « juste-à-temps » mettent une pression additionnelle sur les travailleurs.

Sommes-nous prêts comme consommateur à payer plus cher pour offrir aux travailleurs qui produisent et assemblent nos gadgets des TIC, des conditions acceptables? Sommes-nous prêts à réduire notre consommation vis-à-vis ces produits, à les utiliser jusqu’à la fin de leur vie utile, sans être influencé par un facteur de mode qui les rend obsolètes trop rapidement? Je vous laisse y réfléchir.

PS : Saviez-vous que selon l’Office québécois de la langue française et son Grand dictionnaire terminologique, « sweatshop » se traduit par atelier de pressurage, ou atelier d’exploitation? J’espère que vous ne m’en voudrez pas d’avoir utilisé « sweatshop »… :)

De téléphone intelligent à supertéléphone

Depuis le début de ce blogue, je suis beaucoup plus interpellée par ce qui m’entoure, car beaucoup de sujets peuvent naître d’un grain de sable. Le dernier en liste : une publicité de Bell et sa gamme de supertéléphone. J’avoue ne pas l’avoir remarqué avant, même si Bell semble avoir adopté cette nouvelle appellation en début d’été 2011.

Oui, après les téléphones intelligents, nous avons droit au supertéléphone! C’est un peu comme passer de l’humain intelligent à l’humain bionique. Si vous ne voyez pas le lien, c’est peut-être que ça ne fait pas vraiment de sens, justement…

Les téléphones intelligents sont certainement des technologies de la famille des TIC, et seront un sujet de choix sur ce blogue, sans aucun doute. Le terme « téléphone intelligent » est défini comme suit, selon le Grand Dictionnaire Terminologique de l’OQLF:

Téléphone cellulaire qui, en plus d’offrir des fonctions téléphoniques, intègre un assistant numérique personnel qui le transforme en un outil de communication hybride capable de traiter et de transmettre par voie radioélectrique des données informatiques ou multimédias.

Bell Mobilité offre via son site web un outil permettant de comparer une sélection de téléphones intelligents avec sa gamme de supertéléphones. La différence? Sur 2 téléphones pris au hasard, on obtient : un processeur double cœur (et l’autre pas), un écran un peu plus grand et de meilleure résolution, et une caméra plus performante. C’est tout. Pas que ces spécifications soient inintéressantes, mais valent-elles vraiment le superlatif de « super »? À quand alors le megatéléphone? En fait, ces téléphones viennent soutenir des changements de l’offre Télé mobile de Bell Mobilité annoncés quelques mois auparavant.

J’ai déjà abordé rapidement le sujet de l’obsolescence planifié de produits dans mon billet précédent. Les téléphones intelligents sont probablement parmi les technologies des TIC les plus influencées par le concept d’obsolescence planifié. Vous vous procurez un téléphone et voilà que quelques mois plus tard, il est mis de côté et remplacé par une nouvelle génération plus performante (et le modèle payé très cher que vous avez dans vos poches est maintenant offert à $0 avec abonnement). Est-ce alors excessif d’utiliser « super » pour un téléphone intelligent qui dans moins d’un an sera à son tour en liquidation?

Google a déjà joué avec le terme lors du lancement de son Nexus One en 2010. Déjà, on s’interrogeait sur la validité du terme et ses prétentions marketing. Pourquoi, un an plus tard, Bell a-t-il suivi cette route, sachant qu’elle ne mène nulle part? Si au moins il y avait un avantage compétitif réel, si au moins ils avaient un design facilitant leur démantèlement et récupération, en un mot, si au moins ils mettaient moins de pression sur l’environnement et les poches des consommateurs, dans une approche de développement durable… Là, je lèverais mon chapeau à un changement vraiment innovateur et « super »!

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